Les 5 missions du Collectoire

1) Recueillir le patrimoine de la magie et du music-hall, ainsi que plus globalement le témoignage de ces artistes sur leur art, leur époque et les autres arts.
2) Conserver, classer et répertorier ce patrimoine, ces témoignages ainsi que tous documents ou matériel pouvant concourir à cet objectif
3) Mettre à disposition ce patrimoine et l'ensemble des documents et matériel auprès des historiens, chercheurs et artistes présents et à venir.
4) Encourager tout travail d'analyse et de recherche en ce domaine, à la fois historique, culturel, artistique mais aussi psychologique.
5) Faire mieux connaître au grand public et au monde de la culture, les richesses de ce patrimoine et mettre à disposition des outils pour mieux le comprendre.

Les moyens

- Réalisation d'interviews, reportages, portraits…
- Collecte de documents, matériel, savoir faire, procédés, méthodes… Organisation de conférences, journées ou séminaires d'étude et de découverte,
- Congrès
- Conception et réalisation de livres, films et documents divers
- Mise en place d'un centre de formation et recherche sur les arts magiques et le music-hall

L'urgence de la mission

Les artistes des arts magiques et du music-hall ont été ou ont côtoyé les personnalités les plus marquantes d'une époque dont ils ont été, souvent, les témoins privilégiés.
Certains conservent des lettres manuscrites d'artistes, d'hommes politiques ou d'écrivains, d'autres des partitions originales des grand noms du Jazz, ils ont vécu l'ère achevée de certains grands music-hall, des festivals itinérants et des cabarets foisonnants dans les grandes capitales.
Leur art même est témoignage d'un savoir-faire, d'une rythmique et d'une philosophie riche d'enseignements. Les influences mutuelles des magiciens, des burlesques, des danseurs, des chanteurs… ont fortement imprégné le cinéma, la musique et l'art en général, sans que cet apport ne soit jamais véritablement pris en compte et sans qu'on en mesure ces influences communes et interpénétrées.

L'influence de l'art magique sur le cinéma n'est plus à démontrer, il suffit de penser à Mélies et que dire de l'influence des créateurs d'illusions, de machineries de spectacles ou de fantasmagories sur le théâtre et les arts plastiques.Qui aura retenu qu'André Breton a montré la passerelle entre le surréalisme et la prestidigitation ? 
Les exemples pourraient se multiplier à l'infini reliant Houdini à Buster Keaton en passant par la plupart des grands burlesques jusqu'aux comédies musicales, transitant par le fantastique, le jazz, les numéros de pickpockétisme, de télépathie ou de grandes illusions… et cheminant des salles de quartier vers les scènes internationales, avec nombre de détours vers le grand écran ou les cabarets obscurs…

Enfin il existe des liens complexes et des ramifications subtiles entre les phénomènes de manipulation de l'esprit, de perturbation du psychisme et d'illusion des sens, entre les pratiques magiques ancestrales et l'illusionnisme, entre la focalisation de l'attention et les effets placebo, entre la politique et la misdirection… un champ d'expérimentation utile à l'anthropologie, la sociologie mais aussi la psychologie des masses, aux neuro-sciences ou encore à la psychothérapie. Toutes ces matières précieuses et utiles n'ont jamais été recueillies, en France, auprès des artistes de music-hall avec le soin nécessaire.
Pourtant le chercheur de demain qu'il soit artiste, historien, sociologue, psychologue… pourrait nous faire reproche d'avoir laissé disparaître grand nombre de témoignages, de documents, d'expérimentations ou de savoir faire.
Enfin, il convient d'empêcher la dissolution d'un art complexe et subtile dans une approche purement marchande où la vente de trucs faciles et préfabriqués et le déferlement d'images contribuent à faire perdre leur sens et sans doute leur essence à des procédés et savoir faire complexes et subtiles.
Paradoxalement à l'heure où tout est disponible sur tous supports possibles et imaginables, les vrais savoirs de la magie et du music-hall et sans doute ses secrets les plus précieux risquent de sombrer dans l'oubli avec le départ des plus anciens. D'autant que l'impact, la présence, le timing, l'approche psychologique et la philosophie des ces artistes sont autant de données qui ont été, pour la plus grande part, définitivement perdues, et qu'il est de toute façon quasiment impossible de recueillir par des captations audio-visuelles ordinaires, et qui forment pourtant le véritable savoir-faire de ces disciplines.